C'est durant l'époque
patristique afin de faire face aux hérésies que les Pères ont introduit
la notion de relation pour parler des Personnes divines ; Personnes
divines qui ne sont en effet pas des "choses" concrètes et finies comme des stylos ou des êtres
humains (mais la notion de personne a muté et il faudrait en refaire
l'histoire).
St Thomas portera cette théologie de la relation à son achèvement. Et c'est de cette riche théologie qui contribue à "éclairer", ou du moins, à permettre d'avoir une intuition du mystère trinitaire que j'aimerais donner un petit aperçu.
La Trinité en tant que mystère central de notre foi me paraît aujourd'hui souffrir d'un déficit d'explication. Tout se passe de nous comme si on devait se contenter d'adhérer sentimentalement au dogme ...
Partons déjà du donné de base : le dogme qui dit :
La Trinité = Dieu Un en Trois Personnes distinctes de même substance.
Le Père engendre éternellement le Fils, et ils spirent éternellement le St Esprit.
Père Fils et St Esprit sont rigoureusement égaux et co-substantiels. Il n’y a pas le Père avant et le Fils après. Le Fils étant la Parole éternelle, le Père prononce éternellement cette Parole.
Le Père n'est qu'en tant qu'il engendre le Fils, le Fils n'est Fils qu'en tant qu'il est éternellement engendrée, et le St Esprit n'est tel qu'en tant qu'il est spiré.
Il n'y a pas de Père s'il n'y a pas de Fils etc.
Avec la notion de relation subsistante la chose deviendra j'espère un peu plus claire.
I Bref aperçu général sur la notion de relation
La relation désigne un rapport d'un terme à un autre terme. Pour que ce soit plus claire, une illustration typique s’impose. Prenons la filiation entre un père et son fils.
Entre le père et le fils il y a une relation, il y a paternité d'un côté et filiation de l'autre. Mais cette relation n'est pas « subsistante » car elle a un esse in, c'est à dire un fondement dans un terme extérieur et dont la disparition du terme provoque sa disparition. En effet, le père est différent de la paternité, il n’a pas toujours été père, et surtout il n‘est pas que père. Ce n’est qu’à un moment donné de sa vie qu’il est devenue père et qu’il c’est donc constitué une relation vers son fils. Quant au fils il n’est pas que fils, et il ne sera pas toujours fils si son père décède.
Comme le dit St Thomas « la relation réelle, dans le monde créé, fait composition avec le sujet »
La relation fait composition avec le sujet, c’est dire que la relation, dans la création, est un « accident » (du latin accidere qui signifie "ce qui vient").
On peut considérer la relation de deux façons.
a) la relation en tant qu’accident
La relation désigne donc dans la réalité quelque chose d’accidentel, donc de non substantiel, de non permanent.
La « filiation » entre un père et un fils a besoin de deux êtres extérieurs à elle pour que le rapport soit constitué.
C'est en ce sens qu'aucune relation n'est jamais, dans la création, subsistante. La relation dépend toujours d'un sujet extrinsèque à elle.
En tant qu‘accident, la relation tire donc son être d'un sujet qu'elle inhère.
C’est-à-dire que dans la réalité, la relation en tant qu'accident vient s'apposer du dehors. La relation a donc toujours un mode d'être accidentel.
En définitive, il est essentiel de retenir que dans la réalité qui est la notre " la relation réelle s'ajoute au sujet qui la possède et se distingue réellement de ce sujet."
Mais en Dieu qui est éternel, il n'y pas d'accident, pas de détermination qui n'advienne du dehors et qui vienne ajouter quelque chose à l'essence divine.
b) la relation prise en elle-même
On peut toutefois faire un petit effort de pensée et considérer la relation en soi.
Il faut donc déjà par commencer par sortir de l'idée que seul la substance concrète, c'est-à-dire la chose dotée d'une existence concrète, peut être un être. Il faut donc un peu sortir de notre aristotélisme spontané.
Ici c'est la relation dans son esse ad qu'il faut considérer, c’est-à-dire la relation en tant que pur rapport immatériel, donc indépendamment de son sujet extérieur.
Considérée ainsi, elle est indifférente à ses conditions d'existence. Cela revient dans notre exemple à considérer la relation du père et d'un fils indépendamment du père et du fils, mais de façon purement abstraite.
En effet, prise en elle-même, elle n’est pas quelque chose de saisissable, de matérielle. Il est très difficile de se "représenter" une relation de façon abstraite, de la chosifier et de la mettre dans un concept.
C'est ce qui fait, dit Jean Borella, que la relation est le plus proche de la réalité intelligible.
II Les Personnes divines en tant que relations subsistantes
On peut maintenant transposer la notion de relation aux Personnes divines. Dieu possède toute qualité sur un mode suréminent, parfait, non accidentel.
Dans la Trinité, le Père est Paternité, il est cette relation de paternité même. Il n’est pas un sujet auquel une relation vient s'ajouter du dehors comme lorsqu'une personne humaine devient un père.
Le Père est la Paternité même. Il n'y a pas le Père, sujet d’un côté, puis la paternité attribut de l’autre qui s'en ajoute. Père et paternité sont un seul être, une seule relation subsistante.
« la relation constitue la personne en vertu de sa condition même de relation » (Cajetan)
C'est ainsi qu'on peut considérer les Personnes comme des relations subsistantes. Les Personnes n’ont pas des relations, mais elles sont relations mêmes.
La Personne en tant que Relation est dite subsistante cas son esse in, c’est-à-dire son fondement, est l'essence divine, et est identique à elle-même. Puisqu'en Dieu tout est Dieu, il n'y a rien d'accidentel en Lui, aussi la relation tire-elle son être de lui-même. C’est pourquoi les Personnes sont rigoureusement égales, co-substantielles, co-éternelles.
Autrement dit, la relation a son fondement dans l'Essence divine qui n'est pas autre chose qu'elle même. La Relation est donc identique à l'essence divine. La relation n'inhère pas de l‘extérieur, elle est ce que Dieu est.
Il n’y a pas l’Essence comme sujet puis les Personnes comme accident.
Mais les Personnes/relations ne sont pas de simples attributs. En même temps qu’il y a en Dieu unité (c'est-à-dire non pas unité numérique mais simplicité), il y aussi altérité. Et c’est ainsi que les Personnes en tant que relations permettent d’exprimer à la fois l''unité et l'altérité.
L'altérité s'exprime par la distinction qui se prend de l’opposition. Le Père en tant que relation qui se « porte » vers le Fils n’est pas le Fils, et le Fils en tant qu’il se porte vers le Père n’est pas le Père.
Aussi, le Père est autre (aliud) que le Fils, mais il n’est pas autre chose. Le terme même de différence est impropre car il exprime une distinction de nature.
« Plus grande est l’unité plus grande est la distinction » (Maitre Eckhart)
III Dernier aperçu.
En Dieu Trinité, on peut dire que l’Essence divine constitue un rapport, entre en relation avec elle-même.
En tant que l'Essence divine Se saisit éternellement -> le Père (Donnant)
En tant que l'Essence divine Se trouve saisie par Elle-même -> Le Fils (Dieu en tant qu‘il Se donne à Lui-même et qu'Il se reçoit)
Dans cette saisie d'elle-même, en tant que l’Essence s’auto-expérimente et s‘aime infiniment, ou encore, en tant qu’elle se porte vers elle-même (et que le Fils est engendré éternellement), elle revient du même coup sur elle-même.
Tout se passe comme si Dieu débordait sur lui-même. Maitre Eckhart parle de Dieu comme d'un jaillissement, d'un bouillonnement.
Bref, en se saisissant, l'Essence entre en relation avec elle même (du Père au Fils) et revient sur elle-même (du Fils au Père par le St Esprit qui est le lien d‘Amour entre le Père et le Fils).
Au passage, comme le fait remarquer Jean Borella, le St Esprit, en tant que lien d’Amour, montre qu’un "lien", un rapport, une relation à, constitue une Personne/Hypostase.
(Par analogie on peut dire que notre « personne » c’est le « lien » qui nous rattache à Dieu et que nous devons approfondir. C’est donc « l‘esprit » c’est-à-dire « la fine pointe de l’âme » de l’âme dont St Jean de la Croix dit qu‘[il] est la portion supérieure de l'âme qui regarde et communique avec Dieu.
En approfondissant notre relation à Dieu nous approfondissons notre personne, nous devenons plus réellement nous même..)
La Trinité est comme une circulation éternelle. Dans un poème Maître Eckhart parle d'une boucle terrible et profonde. On peut ainsi se représenter le Père comme le point, le Fils comme le rayon et le St Esprit comme la circonférence : l'aspect vertical du Fils représentant l'autorité, le salut qui conduit tel une chemin vers le Père (Jn 14:6), l'aspect circulaire englobant du St Esprit représentant l'aspect maternel de Dieu qui "engendre" les chrétiens et le console (Jn 14:26).
L'icône de Roublev qui représente la Trinité avec les trois anges (visitant Abraham) disposés autours de la tables et qui se regardent parait aussi exprimer ce paisible mouvement circulaire.
"la vie qu'est Dieu ou l'être comme transcendant n'est pas un mouvement au sens strict mais une staticité circulatoire où l'essence s'exprime et se propage en la plénitude de son Soi, une ubiquité absolue et kaléïdoscopique, une circumincessio, une périchorèse." (Maxence Caron)
Dieu se donne à Lui même, s'éprouve, et par là même se connaît parfaitement. Le Fils est la parfaite connaissance du Père. Sa parfaite Auto-Révélation. « C’est dans le Don (le Fils) que Dieu se fait de lui-même à lui-même qu’il se connaît comme pure connaissance » (Jean Borella)
Cette auto-épreuve donne un savoir sans distance, un pur savoir qui n’implique aucune extériorité, aucune relation vers un terme extérieur à soi. La Vie qu’est Dieu s’expérimente, s’auto-éprouve et ce qui est éprouvé par sa Vie n’est rien d’autre que sa propre Vie.
C’est pourquoi le Fils est la révélation même, il ne donne pas une révélation, il ne livre pas un message comme un simple prophète délivre un signe, mais, en tant que Connaissance même du Père, il introduit dans le sein de la Trinité.
Source :
Gilles Emery (O.P), La théologie trinitaire de St Thomas d'Aquin, cerf
St Thomas portera cette théologie de la relation à son achèvement. Et c'est de cette riche théologie qui contribue à "éclairer", ou du moins, à permettre d'avoir une intuition du mystère trinitaire que j'aimerais donner un petit aperçu.
La Trinité en tant que mystère central de notre foi me paraît aujourd'hui souffrir d'un déficit d'explication. Tout se passe de nous comme si on devait se contenter d'adhérer sentimentalement au dogme ...
Partons déjà du donné de base : le dogme qui dit :
La Trinité = Dieu Un en Trois Personnes distinctes de même substance.
Le Père engendre éternellement le Fils, et ils spirent éternellement le St Esprit.
Père Fils et St Esprit sont rigoureusement égaux et co-substantiels. Il n’y a pas le Père avant et le Fils après. Le Fils étant la Parole éternelle, le Père prononce éternellement cette Parole.
Le Père n'est qu'en tant qu'il engendre le Fils, le Fils n'est Fils qu'en tant qu'il est éternellement engendrée, et le St Esprit n'est tel qu'en tant qu'il est spiré.
Il n'y a pas de Père s'il n'y a pas de Fils etc.
Avec la notion de relation subsistante la chose deviendra j'espère un peu plus claire.
I Bref aperçu général sur la notion de relation
La relation désigne un rapport d'un terme à un autre terme. Pour que ce soit plus claire, une illustration typique s’impose. Prenons la filiation entre un père et son fils.
Entre le père et le fils il y a une relation, il y a paternité d'un côté et filiation de l'autre. Mais cette relation n'est pas « subsistante » car elle a un esse in, c'est à dire un fondement dans un terme extérieur et dont la disparition du terme provoque sa disparition. En effet, le père est différent de la paternité, il n’a pas toujours été père, et surtout il n‘est pas que père. Ce n’est qu’à un moment donné de sa vie qu’il est devenue père et qu’il c’est donc constitué une relation vers son fils. Quant au fils il n’est pas que fils, et il ne sera pas toujours fils si son père décède.
Comme le dit St Thomas « la relation réelle, dans le monde créé, fait composition avec le sujet »
La relation fait composition avec le sujet, c’est dire que la relation, dans la création, est un « accident » (du latin accidere qui signifie "ce qui vient").
On peut considérer la relation de deux façons.
a) la relation en tant qu’accident
La relation désigne donc dans la réalité quelque chose d’accidentel, donc de non substantiel, de non permanent.
La « filiation » entre un père et un fils a besoin de deux êtres extérieurs à elle pour que le rapport soit constitué.
C'est en ce sens qu'aucune relation n'est jamais, dans la création, subsistante. La relation dépend toujours d'un sujet extrinsèque à elle.
En tant qu‘accident, la relation tire donc son être d'un sujet qu'elle inhère.
C’est-à-dire que dans la réalité, la relation en tant qu'accident vient s'apposer du dehors. La relation a donc toujours un mode d'être accidentel.
En définitive, il est essentiel de retenir que dans la réalité qui est la notre " la relation réelle s'ajoute au sujet qui la possède et se distingue réellement de ce sujet."
Mais en Dieu qui est éternel, il n'y pas d'accident, pas de détermination qui n'advienne du dehors et qui vienne ajouter quelque chose à l'essence divine.
b) la relation prise en elle-même
On peut toutefois faire un petit effort de pensée et considérer la relation en soi.
Il faut donc déjà par commencer par sortir de l'idée que seul la substance concrète, c'est-à-dire la chose dotée d'une existence concrète, peut être un être. Il faut donc un peu sortir de notre aristotélisme spontané.
Ici c'est la relation dans son esse ad qu'il faut considérer, c’est-à-dire la relation en tant que pur rapport immatériel, donc indépendamment de son sujet extérieur.
Considérée ainsi, elle est indifférente à ses conditions d'existence. Cela revient dans notre exemple à considérer la relation du père et d'un fils indépendamment du père et du fils, mais de façon purement abstraite.
En effet, prise en elle-même, elle n’est pas quelque chose de saisissable, de matérielle. Il est très difficile de se "représenter" une relation de façon abstraite, de la chosifier et de la mettre dans un concept.
C'est ce qui fait, dit Jean Borella, que la relation est le plus proche de la réalité intelligible.
II Les Personnes divines en tant que relations subsistantes
On peut maintenant transposer la notion de relation aux Personnes divines. Dieu possède toute qualité sur un mode suréminent, parfait, non accidentel.
Dans la Trinité, le Père est Paternité, il est cette relation de paternité même. Il n’est pas un sujet auquel une relation vient s'ajouter du dehors comme lorsqu'une personne humaine devient un père.
Le Père est la Paternité même. Il n'y a pas le Père, sujet d’un côté, puis la paternité attribut de l’autre qui s'en ajoute. Père et paternité sont un seul être, une seule relation subsistante.
« la relation constitue la personne en vertu de sa condition même de relation » (Cajetan)
C'est ainsi qu'on peut considérer les Personnes comme des relations subsistantes. Les Personnes n’ont pas des relations, mais elles sont relations mêmes.
La Personne en tant que Relation est dite subsistante cas son esse in, c’est-à-dire son fondement, est l'essence divine, et est identique à elle-même. Puisqu'en Dieu tout est Dieu, il n'y a rien d'accidentel en Lui, aussi la relation tire-elle son être de lui-même. C’est pourquoi les Personnes sont rigoureusement égales, co-substantielles, co-éternelles.
Autrement dit, la relation a son fondement dans l'Essence divine qui n'est pas autre chose qu'elle même. La Relation est donc identique à l'essence divine. La relation n'inhère pas de l‘extérieur, elle est ce que Dieu est.
Il n’y a pas l’Essence comme sujet puis les Personnes comme accident.
Mais les Personnes/relations ne sont pas de simples attributs. En même temps qu’il y a en Dieu unité (c'est-à-dire non pas unité numérique mais simplicité), il y aussi altérité. Et c’est ainsi que les Personnes en tant que relations permettent d’exprimer à la fois l''unité et l'altérité.
L'altérité s'exprime par la distinction qui se prend de l’opposition. Le Père en tant que relation qui se « porte » vers le Fils n’est pas le Fils, et le Fils en tant qu’il se porte vers le Père n’est pas le Père.
Aussi, le Père est autre (aliud) que le Fils, mais il n’est pas autre chose. Le terme même de différence est impropre car il exprime une distinction de nature.
« Plus grande est l’unité plus grande est la distinction » (Maitre Eckhart)
III Dernier aperçu.
En Dieu Trinité, on peut dire que l’Essence divine constitue un rapport, entre en relation avec elle-même.
En tant que l'Essence divine Se saisit éternellement -> le Père (Donnant)
En tant que l'Essence divine Se trouve saisie par Elle-même -> Le Fils (Dieu en tant qu‘il Se donne à Lui-même et qu'Il se reçoit)
Dans cette saisie d'elle-même, en tant que l’Essence s’auto-expérimente et s‘aime infiniment, ou encore, en tant qu’elle se porte vers elle-même (et que le Fils est engendré éternellement), elle revient du même coup sur elle-même.
Tout se passe comme si Dieu débordait sur lui-même. Maitre Eckhart parle de Dieu comme d'un jaillissement, d'un bouillonnement.
Bref, en se saisissant, l'Essence entre en relation avec elle même (du Père au Fils) et revient sur elle-même (du Fils au Père par le St Esprit qui est le lien d‘Amour entre le Père et le Fils).
Au passage, comme le fait remarquer Jean Borella, le St Esprit, en tant que lien d’Amour, montre qu’un "lien", un rapport, une relation à, constitue une Personne/Hypostase.
(Par analogie on peut dire que notre « personne » c’est le « lien » qui nous rattache à Dieu et que nous devons approfondir. C’est donc « l‘esprit » c’est-à-dire « la fine pointe de l’âme » de l’âme dont St Jean de la Croix dit qu‘[il] est la portion supérieure de l'âme qui regarde et communique avec Dieu.
En approfondissant notre relation à Dieu nous approfondissons notre personne, nous devenons plus réellement nous même..)
La Trinité est comme une circulation éternelle. Dans un poème Maître Eckhart parle d'une boucle terrible et profonde. On peut ainsi se représenter le Père comme le point, le Fils comme le rayon et le St Esprit comme la circonférence : l'aspect vertical du Fils représentant l'autorité, le salut qui conduit tel une chemin vers le Père (Jn 14:6), l'aspect circulaire englobant du St Esprit représentant l'aspect maternel de Dieu qui "engendre" les chrétiens et le console (Jn 14:26).
L'icône de Roublev qui représente la Trinité avec les trois anges (visitant Abraham) disposés autours de la tables et qui se regardent parait aussi exprimer ce paisible mouvement circulaire.
"la vie qu'est Dieu ou l'être comme transcendant n'est pas un mouvement au sens strict mais une staticité circulatoire où l'essence s'exprime et se propage en la plénitude de son Soi, une ubiquité absolue et kaléïdoscopique, une circumincessio, une périchorèse." (Maxence Caron)
Dieu se donne à Lui même, s'éprouve, et par là même se connaît parfaitement. Le Fils est la parfaite connaissance du Père. Sa parfaite Auto-Révélation. « C’est dans le Don (le Fils) que Dieu se fait de lui-même à lui-même qu’il se connaît comme pure connaissance » (Jean Borella)
Cette auto-épreuve donne un savoir sans distance, un pur savoir qui n’implique aucune extériorité, aucune relation vers un terme extérieur à soi. La Vie qu’est Dieu s’expérimente, s’auto-éprouve et ce qui est éprouvé par sa Vie n’est rien d’autre que sa propre Vie.
C’est pourquoi le Fils est la révélation même, il ne donne pas une révélation, il ne livre pas un message comme un simple prophète délivre un signe, mais, en tant que Connaissance même du Père, il introduit dans le sein de la Trinité.
Source :
Gilles Emery (O.P), La théologie trinitaire de St Thomas d'Aquin, cerf
Jean Borella, Amour et vérité, L'harmattan