La prière de jésus très répandu dans l'orient chrétien et qui commence à
être mieux connu en occident est très simple. Elle consiste à répéter :
Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu ayez pitié de moi.
Etant composée de 5 mots grecs l'exégèse des théologiens d’orient a vu cette prière dans ces paroles de St Paul. j'aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, afin d'instruire aussi les autres, que dix mille paroles en langue. 1 Cor 14:19
La
valeur de cette prière vient de la présence du Nom, si bien que
l'important n'est pas l'ordre des mots ou la forme de la prière mais la
présence du Nom de Jésus. A cet égard on peut donc la réduire au plus
simple possible et se contenter de répéter Seigneur Jésus Christ.
Le catéchisme parle de cette prière et de la valeur du Nom :
2666
Mais le Nom qui contient tout est celui que le Fils de Dieu reçoit dans
son Incarnation : JÉSUS. Le Nom divin est indicible par les lèvres
humaines (cf. Ex 3, 14 ; 33, 19-23), mais en assumant notre humanité le
Verbe de Dieu nous le livre et nous pouvons l’invoquer : " Jésus ",
" YHWH sauve " (cf. Mt 1, 21). Le Nom de Jésus contient tout : Dieu et
l’homme et toute l’Economie de la création et du salut. Prier " Jésus ",
c’est l’invoquer, l’appeler en nous. Son Nom est le seul qui contient
la Présence qu’il signifie. Jésus est Ressuscité, et quiconque invoque
son Nom accueille le Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est livré pour lui
(cf. Rm 10, 13 ; Ac 2, 21 ; 3, 15-16 ; Ga 2, 20).
2667 Cette
invocation de foi toute simple a été développée dans la tradition de la
prière sous maintes formes en Orient et en Occident. La formulation la
plus habituelle, transmise par les spirituels du Sinaï, de Syrie et de
l’Athos est l’invocation : " Jésus, Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie
pitié de nous, pécheurs ! " Elle conjugue l’hymne christologique de Ph
2, 6-11 avec l’appel du publicain et des mendiants de la lumière (cf. Mc
10, 46-52 ; Lc 18, 13). Par elle, le cœur est accordé à la misère des
hommes et à la Miséricorde de leur Sauveur.
Théologiquement
parlant cette prière combine plusieurs aspects. Elle confesse la
divinité du Christ car le salut lui est demandé, elle s’adresse aussi au
St Esprit, car le Christ celui qui est oint est aussi celui qui envoie
le St Esprit, et comme le dit St Paul nul ne dit Jésus est le Seigneur
si ce n’est pas le Saint Esprit. Aussi s'adresse-t-elle le Père, car le
Fils qui n’est jamais sans le Père est la "porte" du Père.
Les Trois
personnes de la Trinité qui sont un seul Dieu, n’ont qu’une seule
volonté et sont absolument inséparables l’une de l’autre.
De
manière générale, les noms donnés dans la Bible disent quelque chose du
destin des personnes. Le nom signifie la fonction profonde de la
personne. C’est pourquoi les prophètes changent parfois de nom, par
exemple : Abram (père haut) qui devient Abraham (père d‘une multitude),
ou Jacob qui devient Israël. Si donc le Christ est appelé Jésus, c'est à
dire Dieu sauve (ou Yahveh sauve), il n'y a pas de hasard, "nomen est
omen" : le nom est un présage. Le second Josué (qui signifie aussi Dieu
sauve) est le véritable Josué. Le premier a conquis le royaume
terrestre, le second donne accès au véritable Royaume.
C'est donc tout naturellement que le NT attribue une grande valeur au Nom de Jésus :
il n'est sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. Actes 4:12
En vérité, en vérité je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père, il vous le donnera en mon nom. Jn 16:23
nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur ! si ce n'est par le Saint Esprit. 1 Cor 12:3
Dieu
l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de
tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux,
sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus
Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Ph 2,9
Un écrit du 2è siècle, le Pasteur d'Hermas montre aussi que les premiers chrétiens vénéraient le nom de Jésus.
Le
nom du Fils de Dieu est grand, immense, et il soutient le monde entier.
Si donc toute la création est soutenue par le Fils de Dieu, que
penses-tu de ceux qu'il appelle, qui portent le nom du Fils de Dieu et
marchent selon ses préceptes?
Ils
ne se sont pourtant jamais éloignés de Dieu, ils ont porté le nom avec
joie et reçu avec joie chez eux les serviteurs de Dieu
personne ne rentrera dans le royaume de Dieu (Jn 3,5), s'il n'a pas pris son saint Nom.
Avant
de porter le nom du Fils de Dieu, dit-il, l'homme est mort; et
lorsqu'il reçoit le sceau, il rejette la mort et reçoit la vie.
L'occident
latin avec St Bernard dans son homélie (XV) sur le Cantique des
Cantique ne sera pas étranger à cette dévotion pour le nom de Jésus :
Il éclaire lorsqu'on le publie ; il nourrit quand on le rumine, il oint et adoucit les maux, lorsqu'on l'invoque. (…)
Mais
le nom de Jésus n'est pas seulement une lumière, c'est encore une
nourriture. Ne vous sentez-vous pas fortifiés, toutes les fois que vous
vous le rappelez? Qu'y a-t-il qui nourrisse autant l'esprit de celui qui
y pense? (…)
Jésus est du miel à la bouche, une mélodie aux
oreilles, un chant d'allégresse au coeur. Mais il est encore un remède.
Êtes-vous triste ? (…)
Que Jésus vienne dans votre coeur, passe de là
à votre bouche; ce nom admirable n'est pas sitôt prononcé, qu'il se
produit une lumière resplendissante qui chasse les ennuis et ramène le
calme et la sérénité.
(...)
O mon âme, vous avez un antidote
excellent caché dans le vase du nom de Jésus, un antidote salutaire, un
remède efficace et souverain contre toutes vos maladies.
Ayez-le
toujours dans votre sein, ayez le toujours sous la main, afin que toutes
vos affections et toutes vos actions soient dirigées vers Jésus. Vous y
êtes même invitée par ces paroles : « Mettez-moi, dit-il, comme un
cachet sur votre coeur; comme un cachet sur votre bras (Cant. VIII, 6). »
La dévotion du Nom de Jésus n'est donc totalement
étrangère à l'occident et n'est pas une bizarrerie orientale. De plus,
il existe aussi dans le catholicisme la fête du nom de Jésus qui
témoigne de la valeur de ce Nom.
Maintenant, d''un point de vue
métaphysique le contenu sémantique du nom Jésus, sa signification "Dieu
Sauve", est liée à Jésus lui même. La relation entre le signifiant le
Nom et le signifié Jésus est réelle de sorte que le signifié se rend
présent d'une certaine façon dans le signifiant.
Son Nom est le seul qui contient la Présence qu’il signifie. Catéchisme Art 2666
Autrement
dit, entre le signe (le nom) et la "chose" signifiée (en l'occurrence
Jésus lui même) s'établit un rapport réel de signification, cela, par
participation du signe à la chose signifiée. Et cette participation
fondant un rapport réel entre les deux termes fait du Nom de Jésus un
moyen de présence de Dieu si bien que quand nous récitons le Nom, nous
nous rendons présent à Dieu. Le Nom est donc un sacramental.
C'est
une idée que la pensée moderne athée refuse, ne voyant rien d'autre
dans le contenu d’un signe qu'un sens d'abord fabriqué par la pensée et
surajouté. Cette pensée est celle d'un monde purement physique
radicalement anti religieux fait de signes et de choses complètement
autonomes et vides de tout contenu sémantique intrinsèque, celle d'un
monde mécanique et unidimensionnel
A l'extrême opposée de cette
pensée rationaliste et athée, il y a eu dans les onomatodoxes
(glorificateurs du nom) qui soutenaient que le Nom était Dieu lui-même.
Position inacceptable car en tant en tant qu'icône verbale ou signe, le
Nom est différent de ce qu'il signifie. D'autre part, un signe qu'il
soit verbale ou picturale et qui signifie une chose invisible, se situe
sur un autre plan d'existence.
I Utilité de la prière de Jésus
Pour
bien prier, et se mettre à l'écoute de Dieu, il faut faire naître le
silence en soi. Dieu sait de quoi nous avons besoin et il n’est pas
besoin de s’épuiser dans les paroles.
Or l'intellect est souvent
dispersé dans les pensées car les images de choses futures ou passées
l'assaillent, ce qui gêne beaucoup pour prier.
Catéchisme 2729 : La
difficulté habituelle de notre prière est la distraction. Elle peut
porter sur les mots et leur sens, dans la prière vocale ; elle peut
porter, plus profondément, sur Celui que nous prions, dans la prière
vocale (liturgique ou personnelle), dans la méditation et dans
l’oraison. Partir à la chasse des distractions serait tomber dans leurs
pièges, alors qu’il suffit de revenir à notre cœur : une distraction
nous révèle ce à quoi nous sommes attachés et cette prise de conscience
humble devant le Seigneur doit réveiller notre amour de préférence pour
lui, en lui offrant résolument notre cœur pour qu’il le purifie. Là se
situe le combat, le choix du Maître à servir (cf. Mt 6, 21. 24).
C’est dans ce combat contre la distraction et contre les pensées qui détournent de la prière que la prière de Jésus est utile.
Catéchisme
2668 : L’invocation du saint Nom de Jésus est le chemin le plus simple de
la prière continuelle. Souvent répétée par un cœur humblement attentif,
elle ne se disperse pas dans un " flot de paroles " (Mt 6, 7), mais
" garde la Parole et produit du fruit par la constance " (cf. Lc 8, 15).
Elle est possible " en tout temps ", car elle n’est pas une occupation à
côté d’une autre mais l’unique occupation, celle d’aimer Dieu, qui
anime et transfigure toute action dans le Christ Jésus.
La répétition de cette prière simple permet de simplifier, d’unifier de l'intellect et de le faire descendre dans le cœur.
Elle
permet donc se con-centrer, de revenir au centre, à l'unité, en liant
l'intellect à la pensée de l'Unique comme l’enseigne Théophane le Reclus
un saint russe du 19è siècle :
"pour
faire cesser ce vagabondage (des pensées), vous devez lier votre
intellect à une pensée unique, ou à la seule pensée de l'unique. Une
prière brève aide à réaliser cela, à rendre l'intellect simple et
unifié; elle développe un sentiment envers Dieu et le greffe dans le
coeur"
un moine russe du 18è siècle s'exprime ainsi :
"Il
est nécessaire pour l'intellect, à l'heure de la prière, de se réfugier
aussi vite que possible dans le coeur, et d'y demeurer sourd et muet à
toute pensée. Enfermez votre intellect dans la cellule de votre coeur et
là vous jouirez du repos que vous laisserons les pensées mauvaise; et
vous expérimenterez la joie spirituelle que procure la prière intérieure
et la pensée du coeur"
Ainsi l’intellect pacifié par
la répétition du Nom, la pensée de Jésus descend dans le coeur, de sorte
qu'il peut commencer à fonctionner de manière spirituelle et non plus
de façon naturelle et discursive. En effet, le Nom du Christ établit
dans le coeur peut commencer à le purifier et à répandre l'huile de la
grâce dans la personne.
"le nom du Seigneur, en descendant
dans les profondeurs du coeur dompte les dragons qui en garde les
pâturage, sauve l'âme et la fortifie. Garde toujours le nom du Seigneur
Jésus sur les lèvres et dans le coeur de telle façon que ton coeur
absorbe le Seigneur et que le Seigneur absorbe ton coeur, et que les
deux deviennent un" Calixte et Ignace Xanthopoulos , auteurs spirituels
byzantin de la fin du XIV siècle
L’aspect thérapeutique
de la prière de Jésus est ici indéniable, non pas qu’elle soit une
« technique » fonctionnant d’elle même, mais récitée avec calme foi et
dévotion elle purifie l’intellect, pacifie le cœur et réunifie l’être
entier.
La prière est un rejeton de la douceur et de
l’absence de colère. La prière est un fruit de la joie et de la
reconnaissance. La prière est exclusion de la tristesse et du
découragement. Evagre le Pontique
A propos du coeur, très
présent chez les Pères de l'Eglise d'orient comme d'occident mais que
l'occident a eu tendance à oublier avec la pénétration des philosophies
grecques qui contrairement à la Bible ne lui accordent généralement
aucun rôle, St Macaire, un moine égyptien du IV siècle explique :
"Le
coeur est un tout petit récipient, mais toutes choses se trouvent
contenues en lui. Dieu est là et aussi les anges et la vie, et le
Royaume et les cités célèstes et les trésors de grâce."
« le
cœur n’est qu’un petit vaisseau, et pourtant il s’y trouve des lions
des dragons et des créatures venimeuses, et tous les raffinements de la
méchanceté; il s’y trouve des sentiers rugueux raboteux et des gouffres
béants. Mais Dieu s’y trouve également et aussi les anges, la Vie et le
Royaume, la Lumière et les apôtres, la cité céleste et les trésors de
grâce. Tout est là »
Le cœur c’est donc l’esprit, ou fond de l’âme, qui désigne le centre ou le sommet de l’être capable de communication avec Dieu. Heureux les coeurs pures car il verront Dieu. Matthieu 5,8
C’est le centre de la personne, l'homme intérieur qui doit être cultivé, gardé et développé.
Car
c’est du coeur que partent les mauvaises pensées, les meurtres, les
adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les
blasphèmes et les médisances … Matthieu 15:19
Au 17e
siècle Pascal remettra la connaissance du coeur, intuitive et
spirituelle, à la première place contre la connaissance discursive et
conceptuelle des philosophes. « Le cœur a ses raisons que la raison ne
connaît pas »
Si la prière de Jésus est d'une grande
utilité elle n'est pas une fin en soi, et est tout sauf un mantra. Ce
qui compte pour St Théophane le Reclus c'est le souvenir de Dieu qui
permet de mettre en pratique le commandement de toujours prier (Luc 18:1
; 1 Th 5,18).
"l'essence de la prière à être établi dans le souvenir de Dieu et à marcher en sa présence."
"Prier
ne signifie pas seulement se tenir en prière. Garder l'esprit et le
coeur tourner vers Dieu et centrés sur lui, c'est déjà une prière,
quelque soit la position dans laquelle on se trouve."
"tout nos efforts doivent tendre à garder la pensée incessante de Dieu, à rester continuellement conscients de sa présence"
La
prière intérieure c‘est " demeurer devant Dieu criant vers lui sans
parole. Par ce moyen, le souvenir de Dieu s'établira dans l'intellect,
et la présence de Dieu brillera dans votre âme comme le soleil."
Sources :
La voie du silence, Michel Laroche
La prière de l’Eglise d’orient, Un moine de l'Eglise d'orient (Lev Gillet)
L’art de la prière, Higoumène Chariton de Valamo
L'homélie de St Bernard
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saint ... que015.htm
http://www.integratedcatholiclife.org/2 ... us-prayer/
http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P9A.HTM
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